vendredi 26 octobre 2012

Le maintien de l'ordre lors d'une manifestation



Le maintien de l’ordre pendant une manifestation : une chaîne de commandement

Le maintien de l’ordre ne relève pas de la spontanéité mais d’une organisation précise avec une chaîne militaire de commandement qui permet d’éviter les confusions sur le terrain. La prévisibilité est l’outil du MO, ce qui signifie une analyse précise des intermédiaires et des moyens. Ainsi lorsqu’une manifestation est prévue il y a la première décision, donnée par un mandat informel du Préfet vers le Directeur de la sécurité, celui-ci ne mentionne que l’événement et l’objectif = mettre tout en œuvre pour que la sécurité des biens et des personnes soit assurée tant au-dedans de la manifestation qu’au dehors. Il s’agit d’une première saisine qui a  pour effet un deuxième mandat, celui-là informé, qui met en place une analyse de la manifestation, participants et moyens, avec une adaptation du dispositif de MO aux préconisations. Ce premier travail est donc de renseignements, de collecte d’informations, les RG remplissaient auparavant cette mission confiée désormais à des forces classiques de police ou à la DCRI pour des manifestations sensibles ou de grandes ampleurs. Environ 8 jours avant la manifestation les informateurs sont activés, le lieu de départ de la manifestation surveillé (s’il s’agit d’une usine par exemple), on parle ici d’un déploiement des moyens internes, surveillance visuelle et indicateurs. La conclusion de cette surveillance permet d’établir  un mandat formel, après une réunion de sécurité organisée à la préfecture avec le Directeur de la sécurité et les forces impliquées et futures, le commandant de CRS ou l’officier en charge des gardes mobiles (lieutenant-colonel). Cette réunion définit les moyens nécessaires à la défense des bâtiments et à la sécurité des manifestants et des personnels du MO. La définition des armes ou équipement est strictement délimitée à ce moment, même si l’adaptation à une situation imprévue engagera peut-être une redéfinition de la mission, elle ne pourra s’effectuer sans l’accord exprès du Préfet.

 Cet ordre ne subit pas le poids d’une structure administrative lourde car lors de la manifestation les responsables du MO et le Préfet sont réunis en cellule de gestion de crise en contact permanent avec le terrain. Le nombre d’hommes nécessaire est déterminé, les équipements et des guetteurs sont positionnés pour prévenir de toute modification dans la composition ou la direction du cortège. La surveillance est ici un des moyens de la prévention. Cependant dans le cas d’une modification radicale de la composition du cortège ou lorsque des éléments incontrôlés apparaissent cela ne peut pas forcément modifier la structure du MO ou son organisation, car une charge de police sur un cortège ne pouvant viser des individus spécifiques, il faut accepter des déprédations pour éviter que des personnes ne reçoivent des coups lors d’une charge ou en conséquence d’une panique de la foule. La gestion du MO suppose à la fois un mandat explicite et un autre implicite : il faut à tout prix éviter ce que le grand public nomme « une bavure ». Nous sommes ici dans le syndrome « Malik Ousékine » mort en 1989 d’un arrêt cardiaque lors d’une charge des « voltigeurs » qui était un peloton de policiers motocyclistes, l’un devant conduisant l’autre derrière armé d’une matraque longue frappant en pénétrant grâce aux motos tous terrains le cœur de la manifestation, proche en fait d’une charge de cavalerie face à des fantassins. A la suite de ce dramatique événement le peloton des voltigeurs fut dissout et le rôle de la police dans les manifestations est devenu d’actif, passif. Il y avait une philosophie de l’intervention policière qui s’est transformé en cadrage passif et contrôle des événements.


  Cette force passive suppose une absorption très grande des chocs qui modifiera aussi l’équipement des forces de l’ordre et  l’objectif des interventions des forces de l’ordre. La structure du MO a pour consigne systématique d’éviter les affrontements et de limiter les risques sur les personnes. On le voit le rôle du MO est surtout celui d’une digue, contenir les forces en présence pour atteindre un objectif de violences minimales. La structure du MO tient compte d’un principe de respect des personnes et des droits. Avec cette force qui est celle du groupe, l’adoption d’une chaîne militaire de commandements doit permettre de limiter au maximum les mésinterprétations pendant le MO. Si les phases précédentes sont bien d’ajustements et d’interprétations, pendant l’action elle-même il faut que chacun connaisse absolument sa mission et sa position, sans interprétation qui engendrerait une modification non pas seulement locale mais mettant en cause la totalité du dispositif. C’est bien la force du MO, compter sur des hommes et des femmes qui, chacun à leur place, connaissent l’importance de la mission et prennent à cœur sa réussite. Il faut préciser cela car cet aspect est fondamental dans la gestion du MO, savoir pouvoir compter sur la totale implication des personnels est indispensable pour le Préfet. A contrario la considération apportée aux commandants des unités est directement en lien avec le fait d’avoir su remplir la mission confiée (dans le cas des gardes mobiles, le lieutenant-colonel sait que de cette réussite dépend sa promotion vers le grade de colonel).



On peut produire un schéma organisationnel du MO lors d’une manifestation :






Et le schéma de commandements
 

 

La militarisation de la chaîne de commandement permet d’éviter les distorsions et malentendus lors de l’action de MO. Autrement dit la structure pyramidale permet de concevoir un mouvement global et une gestion concertée qui prend en compte le déroulement des opérations mais ne permet pas une modification d’une partie de la structure sans une redéfinition globale de l’engagement. C’est cette compréhension globale et le soutien total de chaque élément du dispositif qui fait la force et l’intelligence d’un MO.

                           

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