jeudi 6 février 2014

La prison : quel avenir ?


Le cadre pénitentiaire est traditionnellement peu connu de la société civile et demeure dans l'ombre d'une chaîne pénale qui ne met que rarement en avant son système d'incarcération. Les retours de la prison sont le plus souvent négatifs et prennent la forme de rapports publiés par exemple par le Contrôleur général des lieux de privation de liberté comme celui des Baumettes qui fustigeaient les conditions déplorables d'enfermement et donc l'atteinte aux droits fondamentaux des détenus qui touchent à la dignité de la personne. Ce rapport permettait aussi, mais en creux, de montrer les conditions difficiles d'exercice du métier de surveillant. Dans un cadre beaucoup plus apaisé des tensions existent en tous les lieux de privation de liberté, les crédits alloués à la prison sont à flux constant sans une augmentation permettant une réelle amélioration du cadre interne - fortement dégradé par ailleurs de l'action même des détenus. Une piste exploitée mais peu médiatisée est celle de l'externalisation de la construction mais aussi de l'entretien, assurée par exemple par un groupe comme celui de Bouygues. Dans ce cadre, et loin des idées préconcues, il peut y avoir un gain à cette délégation de service public. La possibilité d'ouvertures supplémentaires de prisons peut-être une solution à la surpopulation comme à la récidive : assurer des conditions de vie décentes aux détenus suppose une volonté politique - telle que manifestée aujourd'hui - mais aussi des moyens autrement que de n'être qu'une volonté pieuse et sans effet. L'augmentation des personnels de probation est pour l'instant un tigre de papier, nous savons que le traitement des dossiers par eux est proche de celui de pôle emploi - impossible actuellement d'avoir un suivi probant et efficace des détenus. La stratégie d'une entrée pour une sortie, comme en certains pays européens, est proche de la politique française. Comment alors assurer un contrôle efficace qui supposerait que l'internement puisse avoir lieu en dehors de tout cadre comptable prescriptif ? L'efficacité de la chaîne pénale est aussi à lire parfois du côté de l'urgence de soustrait d'une société civile d'un individu qui rompt avec ses règles - le fait de ne pas posséder les installations nécessaires peut porter à la recherche de peines de substitutions qui ne sont efficaces que sans une pression extérieure exogène au fait criminel ou délictueux. La piste de l'augmentation du parc de maisons et centrales d'arrêts devrait être envisagée avec sérieux comme une alternative crédible à la critique de l'abandon des détenus, à celle de l'UE qui épingle la France que la question du respect des droits de la personne, du personnel qui voit ses conditions de travail se détériorer en même temps que celle des détenus. La revalorisation du métier de surveillant pénitentiaire est une urgence qui va dans le sens d'une amélioration de l'image de la prison, par contiguïté le sort des détenus en est extrêmement dépendant. 

samedi 1 février 2014

Le rôle de la gendarmerie




Alors que la gendarmerie vise une gestion de l'espace, la police vise une gestion des densités urbaines donc des hommes et partant des flux. Le mode d'organisation vient se plier à ces contraintes différentes même si aujourd'hui le travail des forces de gendarmerie s'est extrêmement diversifié : une même zone de gendarmerie peut comporter un espace de campagne, avec des exploitations agricoles, une zone résidentielle et une partie d'une cité sensible ou d'un périmètre péri-urbain dense, tout en additionnant une voie routière qu'il faut administrer. La formation des gendarmes a de la même façon évoluée : l'expertise est devenue nécessaire, tant dans le cadre judiciaire que pour les différentes missions de maintien de l'ordre, gestion de la circulation routière, répression des délits, enquêtes criminelles, démantèlement de la criminalité organisée...

La particularité de la gestion par la gendarmerie c'est la conservation d'un cadre central de coeur de métier qui n'est pas spécialisé, le gendarme est polyvalent et intervient sur tout le spectre de la délinquance et de sa prévention alors que la police met en place des structures et des organes spécialisés : brigade des jeux, des moeurs, des stupéfiants...

La gendarmerie doit assurer une présence sur tout "ses" territoires, elle doit dans un village de 200 habitants comme dans un centre urbanisé dense pouvoir assumer une continuité territoriale et la présence de l'Etat. Le citoyen doit pouvoir compter sur cette présence indépendamment de sa zone d'habitation. La pression démographique dans le cadre péri-urbain fait que la gendarmerie peut se trouver devant des problèmes qui incombaient auparavant uniquement aux policiers. La pratique des "gendarmes mobiles" à grandement favorisé l'adaptation à un urbain de cadre grâce à sa gestion des émeutes et du maintien de l'ordre.

L'intégration des civils dans ce cadre (grâce aussi à une réserve opérationnelle nombreuse, le maillage d'une réserve citoyenne et le type de contrat spécifique à l'armée que la gendarmerie met en place sous la forme d'un contrat à durée limité avec une reconnaissance spécifique du travail exercé et une intégration rapide) est une réalité dans la gendarmerie. Il faut noter cet effort d'ouverture important de la gendarmerie dans la recherche comme dans l'emploi opérationnel des civils d'une souplesse plus grande que les forces de police.

La gendarmerie est un acteur clé dans la gestion des espaces et des territoires, son intégration au sein du Ministère de l'intérieur semble une bonne chose si sa spécificité peut être préservée en même temps que la collaboration avec la police renforcée. L'idée d'une fusion des 2 corps doit prendre en compte l'histoire spécifique de chacune de ces formations - il faut être capable de penser le rapprochement en même temps que de préserver des identités distinctes qui s'expliquent sinon se justifient par des parcours différents dans l'histoire de la sécurité et de la gestion de la délinquance et de la criminalité.