Le Sénat publie un rapport sur la consommation d'alcool et les risques afférant pour la sécurité publique :
La consommation massive et rapide d'alcool, qui est parfois
qualifiée de « binge drinking », serait un comportement en forte progression. Les comportements de « binge drinking » ou « intoxication
alcoolique aiguë » ont d'abord été constatés en Europe du Nord (Royaume-Uni,
Irlande, Danemark), puis progressivement dans le reste du continent. S'il
n'existe pas de définition officielle et précise de ce phénomène, il est
généralement décrit comme une consommation de grandes quantités d'alcool
pendant une brève période de temps, de manière ponctuelle ou répétée, afin
d'obtenir rapidement un état d'ivresse. L'organisation mondiale de la santé
(OMS) recommande une consommation ponctuelle maximale de quatre « verres
standards » comme étant une « consommation de moindre risque » : le « binge drinking
» commencerait donc lorsque cette limite est franchie. Il faut encore définir le contenu des verres standards, le type d'alcool et son taux pouvant largement modifier la frontière entre "consommation de moindre risque" et "consommation à risque". Où d'entendre que "moindre risque" n'est pas sans risque.
Les données les plus récentes sont fournies par l'enquête ESPAD (European school survey project on alcohol and other
drugs) menée entre avril et juin 2011 dans 36 pays. Cette enquête permet de comparer les différents niveaux
d'usages de substances psychoactives des adolescents scolarisés dans la plupart
des pays européens. La France y participait pour la quatrième fois.
L'enquête a été réalisée selon une méthodologie standardisée
identique dans tous les pays participants et reposant sur un questionnaire
auto-administré commun. En France, l'enquête est conduite par l'observatoire
français des drogues et des toxicomanies (OFDT) en partenariat avec le
ministère de l'Éducation nationale et avec la collaboration de l'institut
national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) et de l'institut
national de prévention et de l'éducation à la santé (INPES).
L'enquête française concernait les adolescents scolarisés dans les établissements publics et privés du second degré (collèges, lycées d'enseignement général et technique, lycées professionnels). Au total, 195 établissements ont participé à l'enquête : 2 572 élèves nés en 1995 et donc âgés de 15-16 ans ont été interrogés.
L'extrapolation du lycée à l'université peut se faire car les habitudes d'alcoolémie sont souvent liées à des habitudes prises au lycée.
Les enseignements :
- La consommation globale d'alcool est en hausse depuis
2003, 67 % des jeunes de 15-16 ans ayant déclaré une consommation dans le mois
précédant l'enquête, contre 58 % en 2003.
- La France se classe ainsi au neuvième rang des pays
européens, les plus gros consommateurs étant les Allemands, les Grecs, les
Danois et les Tchèques.
- Le pourcentage d'alcoolisations ponctuelles importantes en
France a fortement augmenté entre 2003 et 2007, passant de 28 % des jeunes
déclarant avoir connu un tel épisode au cours du mois passé à 44 %. En
revanche, il s'est stabilité entre 2007 et 2011, n'augmentant que de 1%,
restant néanmoins plus élevé que le niveau moyen européen.
L'enquête ESPAD permet ainsi de brosser le portrait d'une
jeunesse française assez fortement consommatrice d'alcool mais qui, surtout, a
bel et bien importé une pratique du « binge drinking » auparavant plus
prégnante dans d'autres pays européens.
Quelques faits tragiques en France :
Des jeunes ayant consommé de fortes
quantités d'alcool sont morts dans un état d'ivresse avancé dans diverses
circonstances : :
- 5 personnes sont mortes à Bordeaux entre juillet 2011 et
mai 2012, toutes s'étant noyées dans la Garonne ;
- 2 étudiants se sont également noyés dans la Loire à Nantes
en décembre 2011 ;
- au Mans, le 23 février 2009, un jeune étudiant suédois
s'est noyé dans la Sarthe après une soirée arrosée ;
- le 26 septembre 2010, après une soirée d'intégration
étudiante de l'école de commerce de Nancy, une jeune femme a déposé plainte
pour viol sans que l'enquête n'ait pu cependant aboutir.
- le 5 juin 2010, à Montpellier, un étudiant est tombé du
toit d'une résidence universitaire, où se déroulait une fête, au prix de
nombreuses blessures.
La diversité des contextes de ces morts tragiques possède un fil commun qui est la consommation excessive d'alcool.
Les "apéros-facebook" sont aussi une préoccupation car ils engagent une prédation sociale importante. L'organisation par les réseaux sociaux étend énormément la publicité d'un phénomène tout en permettant une grande réactivité des participants. Ce phénomène fortement étendue à partir de 2010 connaît un décroissement grâce à des mesures énergiques des pouvoirs publics et des communes.
Les mesures sécuritaires :
La répression de la conduite en état d'ivresse
L'article L. 234-1 du code de la route punit la conduite
d'un véhicule sous l'empire d'un état alcoolique (concentration
dans le sang égale ou supérieure à 0,80 gramme par
litre ou concentration dans l'air expiré égale ou
supérieure à 0,40 gramme par litre) de deux ans
d'emprisonnement et 4 500 euros d'amende. Le fait de conduire un
véhicule en état d'ivresse manifeste est puni des mêmes
peines. Ces délits donnent lieu de plein droit à la
réduction de la moitié du nombre maximal de points du permis de
conduire. En outre, l'état alcoolique est une circonstance aggravante
pour de nombreux délits. Au volant, une concentration d'alcool dans le sang
égale ou supérieure à 0,50 gramme par litre (0,25
gramme par litre d'air expiré) constitue par ailleurs une contravention
de 4ème classe.
La lutte contre l'abus d'alcool : Loi n°
2011-267 du 14 mars 2011 d'orientation et de programmation pour la performance
de la sécurité intérieure (LOPSI) / L'article 85 prévoit que « dans
les débits de boissons à consommer sur place dont la fermeture
intervient entre 2 heures et 7 heures, un ou plusieurs dispositifs permettant
le dépistage de l'imprégnation alcoolique doivent être mis
à la disposition du public. ». L'article 89 prévoit que les
établissements fixes ou mobiles de vente à emporter de boissons
alcoolisées dont l'activité cause un trouble à l'ordre, la
sécurité ou la tranquillité publics peuvent faire l'objet
d'un arrêté de fermeture administrative d'une durée
n'excédant pas trois mois pris par le représentant de l’État dans
le département. Le fait, pour le propriétaire ou l'exploitant,
malgré une mise en demeure du représentant de l’État dans le
département d'avoir à se conformer à l'arrêté
pris en application de l'alinéa précédent, de ne pas
procéder à la fermeture de l'établissement est puni de
3 750 euros d'amende.
La possibilité d'une composition pénale en cas de consommation habituelle et excessive de boissons alcooliques Dans les cas où la personne s'étant livrée à des excès de boisson a commis une infraction pendant qu'elle était ivre et reconnaît les faits, le procureur de la République peut lui proposer une composition pénale consistant à se soumettre à une injonction thérapeutique (article 41-2 alinéa 17 du code de procédure pénale).
La possibilité d'une composition pénale en cas de consommation habituelle et excessive de boissons alcooliques Dans les cas où la personne s'étant livrée à des excès de boisson a commis une infraction pendant qu'elle était ivre et reconnaît les faits, le procureur de la République peut lui proposer une composition pénale consistant à se soumettre à une injonction thérapeutique (article 41-2 alinéa 17 du code de procédure pénale).
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