Management et civilianisation
Les chiffres du
personnel policier dans l’activité policière est spectaculaire en France où les
personnels administratifs sont des policiers sous gestion du ministère de
l’Intérieur. On comprend que l’apport de spécialistes et donc de compétences
provenant l’extérieur est moins important que le fait de travailler avec des
personnels qui appartiennent à la même « maison » et partagent la
même représentation des valeurs. Là où la Grande-Bretagne a engagé
un large mouvement de « civilianisation » des forces de police, si bien
qu’aujourd’hui plus de 40 % des membres des polices britanniques sont des
civils, en France le mouvement reste à un bien plus faible niveau (18 % de non
policiers sur l’ensemble des effectifs de police nationale en comptant les
adjoints de sécurité dans les civils). Là où les gouvernements britanniques ont
construit une large panoplie d’indicateurs, avec notamment l’adoption de
mesures tenant compte de la qualité du service policier telle qu’elle est
perçue par les usagers, les indicateurs de performance retenus dans la LOLF
excluent de tels types de mesures. Là, enfin, où les résultats des différentes
polices britanniques sont rendus publics, comparés et accessibles directement sur
internet, les résultats des polices françaises demeurent centralisés et agrégés
dans un rapport annuel de performance. Autrement dit, les usages de la
managérialisation semblent ici confirmer plutôt que transformer des traditions
de police existantes : la France reste marquée par un modèle continental de
police, avec une police tournée vers l’État plus que vers les citoyens, et avec
une valorisation de la spécificité de l’activité policière.
policiers anglais |
On peut ainsi remarquer que le passage long (entre 12 et 18 mois) dans une école de Police n’a pas comme seule ambition de former à un métier et donc d’acquérir des compétences mais aussi (et surtout) de développer un esprit de corps, et le sentiment d’une appartenance exclusive à l’institution policière (cela étant renforcé par l’effet d’exclusion qui se produit dans la société par « l’aveu » de cette fonction et les récriminations du citoyen à l’égard de l’institution policière).
Les statistiques sont des
éléments fondamentaux de la sécurité publique et le DDSP (Directeur Départemental de la Sécurité Publique) doit en permanence
informer la direction centrale : au siège du Ministère de l’Intérieur un poste de commandement opérationnel permet de recueillir tous
les chiffres des départements, c’est le directeur général de la police
nationale qui en a la charge.
Ce sont bien des systèmes
hiérarchiques complexes qui fonctionnent dans ce que l’on peut appeler des
« cercles de confiances » : il s’agit d’une efficacité fondée
sur la confiance de ses membres. C’est la certitude que les membres font tous
partie d’une même « maison » qui fonde la certitude de l’obéissance. Dans ce
cadre c’est moins la « compétence » des membres des cercles qui
compte que la certitude absolue de l’appartenance
à un même groupe partageant les mêmes certitudes et la même capacité
au secret. Il y a un poids très
important de l’administration centrale sur les différents services qui eux
fonctionnent d’une manière territoriale.
police canadienne |